“Troppo bella per
essere vera” è la prima reazione che si ha leggendo la storia che l’agenzia Syfia
riporta nel suo ultimo lancio via internet. Una storia che affonda le radici
nei tragici eccidi del 1994, quando in un villaggio rwandese dalle parti
di Nzahaha, un settore del distretto di
Rusizi nel sud ovest, Gratien Nyaminani uccise Védaste Kabera, il marito di
Bernadette Mukakabera. Dopo il genocidio, Nyaminani è stato arrestato,
condannato e imprigionato. Durante la prigionia, sua figlia Donata, quasi a
voler riparare le gravi colpe del padre
aveva con molto coraggio
cominciato ad aiutare la famiglia di
Mukakabera in tutti i lavori domestici.Superando la comprensibile diffidenza iniziale della
signora Bernardette, ma più in generale della comunità del villaggio, Donata ha
fatto breccia nel cuore della vedova : "Il suo atteggiamento mi ha sconcertato
– ricorda Bernardette- ... Lei piangeva e mi implorava il perdono per suo padre."
Passando attraverso un percorso non facile che cancellasse tutti i sentimenti
d’odio e di vendetta scatenati dalla perdita violenta del marito per mano del
vicino di casa, il momento del perdono è arrivato dopo che in un processo gacaca era stato concesso l'indulto a
Nyaminani. Al rilascio dalla prigione ha fatto seguito una speciale cerimonia
con la richiesta da parte di Nyaminani
del perdono alla famiglia della vittima. Famiglia del carnefice e
famiglia della vittima si sono riconciliate. Donata è ormai accettata nella famiglia di Bernardette quasi come una
figlia.Ma la storia, che sarebbe sufficientemente edificante se finisse qui, ha
sviluppi ancora più incredibili quando Bernardette si sente dire da suo figlio
Alfred Uzabakiriho, al quale
evidentemente non sono sfuggite le grazie e le doti della sorellastra, :
"Mamma, voglio sposarmi e non riesco a trovare una donna migliore di
Donata ". Il matrimonio dei due giovani suggella la definitiva
riconciliazione delle due famiglie. Una
storia troppo bella per essere vera?
Ai nostri amici rwandesi il compito di verificarne
la fondatezza; ne hanno tutti gli elementi : nomi dei protagonisti e luoghi
della vicenda.
Leggi l'articolo in francese dell'agenzia Syfia.
Rwanda : à nouveau réunis, grâce à leurs
enfants
Au Rwanda, pendant le
génocide, Gratien Nyaminani a tué le mari de Bernadette Mukakabera. Depuis, les
deux familles ne se parlaient plus. Amoureux, leurs enfants ont toutefois fini
par se marier avec leur bénédiction. La hache de guerre, enterrée, a fait place
à la convivialité.
"A notre santé
!", trinquent Bernadette Mukakabera, la veuve de Védaste Kabera, et
Gratien Nyaminani, l’assassin de ce dernier, en levant leurs bouteilles de
bière. Entre ces deux familles rwandaises, l’atmosphère est à nouveau à la
joie. Donata Yankurije, la fille de Nyaminani et belle-fille de Mukakabera,
participe à cette petite fête improvisée. Elle sirote sa limonade, en regardant
d’un œil amusé son père et sa belle-mère. Une petite perle qui coule sur sa
joue trahit son émotion. Aimé, son fils aîné de huit mois, babille, ponctuant
son escapade à quatre pattes entre sa mère et ses grands parents. "Réunis
à jamais !", semble-t-il dire lui aussi. Le grand absent de la fête est
Alfred Uzabakiriho, le mari de Donata et fils de Mukakabera. Son devoir de
soldat, au sein des Forces rwandaises de défense qu’il a intégrées juste après
le génocide, le maintient loin de cette famille qu’il peut se vanter d’avoir
soudée.
Hier encore, l’amitié paraissait pourtant définitivement enterrée. Après le génocide, Nyaminani avait été arrêté, condamné et incarcéré. Sa fille Donata avait cependant continué à aider la famille de Mukakabera dans tous les travaux domestiques. "Je sentais que je devais faire de mon mieux pour réparer le préjudice que mon père avait causé. Cela demandait du courage, car ni ma famille, ni mère Bernadette, ni le voisinage ne me regardait d’un bon œil… On disait que je m’exposais à la vengeance", se souvient la jeune et belle Donata.
Sa détermination finit par venir à bout de la haine de sa future belle-mère. "Son attitude m’a déconcertée… Elle pleurait et me priait chaque fois d’amener son père à demander pardon. L’idée me vint de lui apporter des provisions en prison et de le convaincre." Le pardon fut accordé au cours du procès gacaca, au terme duquel Nyaminani fut libéré, après une cérémonie spéciale de demande de pardon organisée au sein de la famille de la victime. Les deux familles ont depuis retrouvé l’harmonie d’autrefois, du temps où elles partageaient tout : joies et peines, mariages et deuils, abondance et manque. "On pouvait passer des veillées entières à danser et à chanter, en partageant du vin de banane… Jusqu’à ce jour fatal d’avril 1994", se rappelle Nyaminani.
Miracle de l’Amour
Aujourd’hui assis, épaule contre épaule, à coté de celle qu’il a réduite au veuvage, le meurtrier repenti se souvient : "Au lendemain du génocide, j’avais honte et la conscience troublée à cause du meurtre de mon voisin Kabera. A la vue de sa veuve, je priais la terre de m’engloutir… La prison fut en quelque sorte une porte de secours." La veuve était de toutes façons alors très loin de lui pardonner… "Je ne peux pas décrire ce que je ressentais quand je le voyais ou n’importe quel hutu ! Une haine viscérale, de l’aversion… ? L’irréparable était arrivé et j’étais convaincue que, pour rien au monde, jamais plus je n’adresserais la parole à celui qui m’avait ôté la chaleur conjugale".
Elle fut donc très étonnée d’entendre un jour son fils unique lui dire : "Maman, je voudrais me marier et je ne trouve pas de meilleure femme que Donata !". Un miracle de l’Amour en quelque sorte… "Pour moi, nos enfants apportaient la bénédiction à ce que nous avions entrepris avec un cœur d’homme… Je ne pouvais aller à l’encontre d’un signe du Ciel !", estime la vieille Bernadette qui voit désormais en Donata sa propre fille et non pas sa belle-fille. Un attachement réciproque. "Je suis heureuse avec mon mari et celle qui a toujours été ma mère. Avec eux, aucune allusion méchante à notre passé plein de boue… Quand Alfred est là, tout rayonne autour de nous. Nous rendons visite aux voisins et les invitons à nous suivre sur le chemin de la réconciliation… Tout est possible !", s’enthousiasme Donata, radieuse.
Leur exemple peine à en convaincre certains. Dans leur secteur Nzahaha, district de Rusizi (sud-ouest), un rescapé, qui a voulu garder l’anonymat, considère cette histoire comme une insulte à la mémoire des victimes du génocide. Pour Philippe au contraire, ce type de réconciliation est un cas à exporter, même en dehors du Rwanda.
Hier encore, l’amitié paraissait pourtant définitivement enterrée. Après le génocide, Nyaminani avait été arrêté, condamné et incarcéré. Sa fille Donata avait cependant continué à aider la famille de Mukakabera dans tous les travaux domestiques. "Je sentais que je devais faire de mon mieux pour réparer le préjudice que mon père avait causé. Cela demandait du courage, car ni ma famille, ni mère Bernadette, ni le voisinage ne me regardait d’un bon œil… On disait que je m’exposais à la vengeance", se souvient la jeune et belle Donata.
Sa détermination finit par venir à bout de la haine de sa future belle-mère. "Son attitude m’a déconcertée… Elle pleurait et me priait chaque fois d’amener son père à demander pardon. L’idée me vint de lui apporter des provisions en prison et de le convaincre." Le pardon fut accordé au cours du procès gacaca, au terme duquel Nyaminani fut libéré, après une cérémonie spéciale de demande de pardon organisée au sein de la famille de la victime. Les deux familles ont depuis retrouvé l’harmonie d’autrefois, du temps où elles partageaient tout : joies et peines, mariages et deuils, abondance et manque. "On pouvait passer des veillées entières à danser et à chanter, en partageant du vin de banane… Jusqu’à ce jour fatal d’avril 1994", se rappelle Nyaminani.
Miracle de l’Amour
Aujourd’hui assis, épaule contre épaule, à coté de celle qu’il a réduite au veuvage, le meurtrier repenti se souvient : "Au lendemain du génocide, j’avais honte et la conscience troublée à cause du meurtre de mon voisin Kabera. A la vue de sa veuve, je priais la terre de m’engloutir… La prison fut en quelque sorte une porte de secours." La veuve était de toutes façons alors très loin de lui pardonner… "Je ne peux pas décrire ce que je ressentais quand je le voyais ou n’importe quel hutu ! Une haine viscérale, de l’aversion… ? L’irréparable était arrivé et j’étais convaincue que, pour rien au monde, jamais plus je n’adresserais la parole à celui qui m’avait ôté la chaleur conjugale".
Elle fut donc très étonnée d’entendre un jour son fils unique lui dire : "Maman, je voudrais me marier et je ne trouve pas de meilleure femme que Donata !". Un miracle de l’Amour en quelque sorte… "Pour moi, nos enfants apportaient la bénédiction à ce que nous avions entrepris avec un cœur d’homme… Je ne pouvais aller à l’encontre d’un signe du Ciel !", estime la vieille Bernadette qui voit désormais en Donata sa propre fille et non pas sa belle-fille. Un attachement réciproque. "Je suis heureuse avec mon mari et celle qui a toujours été ma mère. Avec eux, aucune allusion méchante à notre passé plein de boue… Quand Alfred est là, tout rayonne autour de nous. Nous rendons visite aux voisins et les invitons à nous suivre sur le chemin de la réconciliation… Tout est possible !", s’enthousiasme Donata, radieuse.
Leur exemple peine à en convaincre certains. Dans leur secteur Nzahaha, district de Rusizi (sud-ouest), un rescapé, qui a voulu garder l’anonymat, considère cette histoire comme une insulte à la mémoire des victimes du génocide. Pour Philippe au contraire, ce type de réconciliation est un cas à exporter, même en dehors du Rwanda.
Sehene Ruvugiro
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